Les licornes foudroyées
Par Tizel le mercredi 14 octobre 2015, 10:04 -
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Des valorisations boursières délirantes
Les licornes sont des start-up dont la valorisation boursière dépassent le milliard d'euros (ou de dollars). Des valorisations boursières parfois délirantes, autour d'entreprises qui ont souvent peu d'employés - en comparaison d'entreprises de la vieille économie - et qui surtout, n'ont souvent généré aucun bénéfice. Or, si cela peut s'expliquer dans un premier temps, cela interroge sur la durée : comment justifier la valorisation de plusieurs milliard de certaines entreprises, qui, en dix ans, n'ont fait que creuser leur déficit ?
Twitter est de ceux là. Le réseau social SMS est une licorne qui a grossit très vite, mais peine à se démocratiser. Sa croissance - en nombre d'utilisateurs - est en berne. Le réseau social, très utilisé pour la réaction à chaud dans les médias (live tweet pendant les émissions de télé), peine à s'ouvrir à d'autres utilisateurs que les politiques, les stars et les agences de communication. Sa croissance est en berne, le taux d'engagement des inscrits est en berne et Twitter peine à traduire son activité en cash. Héberger un service comme Twitter - quand bien même il ne s'agit que de petit SMS - coute cher, voire très cher. Si vous ajoutez à cela les services techniques et de communication, le coût peut être important par rapport au potentiel du réseau social. Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, il est donc normal que la croissance du réseau ralentisse - surtout qu'il subit la concurrence direct de réseaux existants ou en émergence : Facebook, Instagram, Snapchat et j'en passe... Le problème est sans doute que cette croissance ralentisse, avant même que le réseau social ait atteint son seuil de rentabilité (ou une solution pour valoriser le trafic qu'il a déjà). Pire, il n'est pas impossible à moyen terme, face à la concurrence, que le réseau social passe de mode et voit son trafic décliner : le réseau a 10 ans et un autre service finira bien par le remplacer... Twitter vient d'annoncer un plan de licenciement de 336 personnes (8% de ses effectifs).
Autre licorne qui licencie actuellement, alors qu'elle avait il y a encore 4/5 ans une valorisation délirante : Groupon. On nous expliquait il y a quelques mois que Groupon était l'avenir du commerce, permettant de lier commerce en ligne et commerce de proximité. Un discourt intéressant, repris sans vision critique aucune par tous les médias. Pourtant, le service s'est très vite révélé basé sur l'exploitation de petits commerçant au business plan déjà bien fragile. Quand Groupon affiche des prix à moitié prix, seul la moitié du prix est reversée aux commerçant (qui accepte donc une réduction de 75% de son prix). Bref, le commerçant vends à perte. Très bien pour se faire connaitre, mais pas tenable dans la durée. Groupon subit le même phénomène de sur-valorisation de l'économie numérique confrontée à l'économie classique. L'exemple le plus parlant est Amazon, qui vends des produits en ligne, mais derrière Amazon, il y a des entrepôts, des camions, des livraisons... Toute une logistique qui finalement, dans la démarche, ne distingue pas trop Amazon de La Redoute, mis à part le catalogue papier qui se numérise. Groupon viens d'annoncer son retrait de certains marchés (pays) ainsi que la supression de 1100 postes.
Les Licornes ne sont pas aussi magiques qu'elles paraissent. Même si leur activité est dématérialisée (en apparence), l'économie réelle finit toujours par les rattraper, avec les mêmes conséquences pour leurs employés.