Charlie et la chocolaterie
Par Tizel le mardi 2 août 2005, 19:02 -
Cinema
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Un avis sur le nouveau film de Tim Burton
J'adore les films de Tim Burton. Même si ses films trainent parfois en longueur, il a une façon bien à lui de mettre en scéne des personnages toujours plus étonnant les uns que les autres. J'aime à dire qu'il met en scéne des contes de fées pour adultes. En ce sens, je ne pouvais manquer son dernier opus : Charlie et la chocolaterie.
J'y suis allé la semaine dernière, et autant dire que je n'ai pas été déçu (si ce n'est sans doute par quelques longueur, habituelles chez ce réalisateur). L'interprétation de Johnny Depp en industriel chocolatier déjanté est, comme chaque fois, irréprochable. Les enfants acteurs - mis à part Charlie - sont également la carricature de ces enfants à qui on a envi de donner des baffes. L'histoire en quelques mots : Willy Wonka (Johnny Depp) le propriétaire de la plus grande chocolaterie mondiale, ne laisse personne accéder à sa fabrique. Un jour, il organise un grand concours qui consiste à trouver 5 tickets d'or dans les plaques de chocolat qu'il exporte à travers le monde. Celui qui trouve l'un des tickets d'or est cordialement invité à venir passer une journée à visiter la chocolaterie. Par ailleur, l'un des 5 gagnants se vérra attribuer un lot spécial... Tout le monde se dispute alors pour avoir le privilége de découvrir le secret de Willy Wonka et décrocher ce fameux lot.
Si vous souhaitez passer un bon moment et que vous aimez l'univers déjanté de Tim Burton, je vous conseille vivement d'aller voir ce film.
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Commentaires
Pour la deuxième fois consécutive, Burton effectue un véritable travail d’introspection à travers ses réalisations. Un virage à 360° après la grande déception de « La planète des singes », totalement impersonnel, et une première mise au point avec « Big Fish », qui affirmait le choix de Tim Burton pour un cinéma non réaliste, ancré dans un univers magique et poétique.
Avec « Charlie et la chocolaterie », la suite en quelque sorte de « Big Fish », Tim Burton hurle sa volonté de jouir du plaisir simple, de la satisfaction qui semble ne servir à rien et qui constitue l’essence même de ce qu’est Tim Burton. Le chocolat constitue le symbole de ce plaisir simple.
Tim Burton cherche, réfléchit, regarde son passé, celui de son enfance et de la découverte de ses premiers plaisirs. Plaisir sucré, avec le chocolat et les bonbons, bien sûr, mais également plaisir visuel, avec la découverte d’un cinéma qui l’a émerveillé. Tim Burton suivait la même démarche de partage de ses goûts cinématographiques dans « Ed Wood » ou dans « Mars attacks ». Mais ici, il rajoute une couche. Ses références ? Charlie Chaplin, avec cette maison de travers qui fait immédiatement référence à « La ruée vers l’or ». Les usines et leur travail à la chaîne, images bien connues des « Temps modernes ». Kubrick, et la séquence des singes et du monolithe de « 2001, l’odyssée de l’espace ». Des références lourdes, sorties directement du septième art de légende, et très importantes pour la formation artistique de Tim Burton.
« Charlie et la chocolaterie », une œuvre d’introspection et de recherche de mémoire sur ce qui paraît essentiel au metteur en scène. L’essentiel, comme le monolithe de Kubrick, symbolisant toute la mémoire de l’univers. Et Tim Burton, de remplacer le monolithe par une barre de chocolat ! Quelle audace ! Une barre de chocolat, comme mémoire de l’univers ; et de comprendre alors qui est vraiment Tim Burton. L’artiste honnête avec lui-même, très peu influençable mais à l’écoute, en recherche permanente, en introspection et en perpétuel mouvement.
Tim Burton et sa nostalgie du passé, avec les déceptions qui en découlent. Les enfants d’aujourd’hui, lassés de tout, émerveillés de rien, dans l’oubli total du plaisir simple. A écouter Tim Burton, il faut croire que seule la pauvreté permettrait l’émerveillement, comme unique remède à l’ennui. La télévision insipide a remplacé le cinéma créatif, crime de lèse-majesté ! « Charlie et la chocolaterie » ou la chute de l’empire univers.
Tim Burton et lien familial. La famille réelle d’abord, dans une introspection Freudienne du lien avec le père. Un père frustrateur, puis la rupture avec le lien familial, puis plus rien. « Charlie et la chocolaterie » ou la recherche d’une nouvelle famille. A cet égard, ce film peut être rapproché d’un autre monument du septième art, « Citizen kane » d’Orson Wellles.
La famille fictive ensuite, celle du cinéma bien sûr, avec Chaplin, Kubrick, Welles… Et puis Christopher Lee, qui joue le père de Johnny Depp dans le film, de la même façon que Vincent Price jouait le père dans « Edward aux mains d’argent ». Par ces choix pour les rôles du père, très explicites, Tim Burton fait immédiatement référence au cinéma bis fantastique qu’il a adoré et qui a fait office de seconde famille pour lui.
Selon moi, un film très important dans l’œuvre de Tim Burton, où il réussit à travers l’œuvre d’un autre, Roald Dahl et sa littérature en enfantine, à parler de lui-même. Malgré les défauts habituels de Tim Burton, parfois trop manichéen, répétitif ou explicatif, « Charlie et la chocolaterie » se profile comme une de ses œuvres les plus personnelles. Une œuvre très honnête mais difficile d’accès, tant les références et les symboles sont abondants.