Y'a pas que l'argent dans la vie
Par Tizel le mercredi 2 mai 2007, 17:30 -
Au quotidien
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Entretient de démission
Lorsque j'ai été embauché dans ma boite il y a un an, comme tout jeune diplômé, je ne savais pas quel salaire demander... Je me suis donc renseigné autour de moi sur les salaires obtenus par les personnes qui avaient le même diplôme et qui m'avaient précédé. J'ai gonflé un peu ce salaire de 5%, histoire d'être sur d'avoir le même qu'eux, et ai annoncé mes prétentions salariales à celui qui allait devenir mon employeur. Celui ci a fait une drôle de tête, m'a dit que c'était beaucoup, mais que c'était assez intéressant pour lui de savoir que je demandait autant. J'étais sans doute catalogué dans la catégorie jeune requins. Il m'a embauché en me proposant le même salaire que mes prédécesseurs (salaire non augmenté des 5%).
Quand j'ai posé ma démission il y a un mois, il a été tout à fait compréhensif. Mais il a été complètement obnubilé par le salaire que j'allais toucher dans ma nouvelle entreprise. Cela le dépassait un peu que je quitte la boîte pour ne pas gagner plus, voire pour gagner moins. Il a compris quand je lui ai énoncé les autres critères qui entraient, pour moi, en ligne de compte : vie familiale et privée, qualité de vie...
Les employeurs n'ont pas beaucoup d'autres levier pour attirer les employés que la carotte, c'est à dire le salaire. Pourtant, les gens regardent de plus en plus les petits "à coté" qui font que leur vie sera bien mieux, même avec un salaire plus modeste. Pour certains, la réussite se mesure à la somme écrite sur leur chèque, en fin de mois. Je les plains... Pour moi - et pour beaucoup de personnes de ma génération - réussir sa vie privée est au moins aussi important, si ce n'est plus, que réussir sa vie professionnelle. Travailler pour vivre et non vivre pour travailler. Pourquoi un tel changement de comportement alors que la valeur travail a longtemps été synonyme de réussite sociale ? Tout simplement parce que le travail est de moins en moins respecté, même par les employeurs. Un bon ouvrier pouvait avant gravir les échelons dans une entreprise. Cela est moins vrai aujourd'hui, où l'ouvrier est constamment menacé d'être mis à la porte de l'entreprise par manque de productivité. Difficile aussi de s'épanouir dans une entreprise - voire dans une société - qui ne reconnaît plus la valeur travail et préfère rémunérer ses actionnaires plutôt que de récompenser ses salariés.
Commentaires
Les générations nouvelles ont un autre rapport au travail. Ils ne le refusent pas mais ils veulent que celui-ci leur permette de jouir en mème temps de la vie sans attendre les lointaines perspectives de la retraite. Ils ont un rapport plus contractuel à l' entreprise. Leur engagement reste encore fort mais les ''workholics''(drogués du travail) sont très rare. Certains jeunes sont capables d accepter un travail purement alimentaire à l' opposé des aptitudes qu' ils peuvent montrer dans la réalisation de leur projet personnel.
Le travail ne constitue plus le centre de gravité de la vie des salariés, il n' esst qu' une priorité parmis d' autres. Il reste pourtant une nécéssité, car nous sommes tous convaincus qu' on ne peut pas vivre sans travailler.Dès lors notre société avait deux grands défis à relever : offrir du travail à tout le monde et permettre à chacun de traviller autrement. elle a été en grande partie incapable de répondre à ces attentes et à ainsi largement contribué à la dégradation de l' image du travail dans les esprits.
Sorry pour les fautes de frappe. Le grand echec de 20 dernières années, c' est sans conteste celui de l' accès à l' emploi faute d' imagination et sous la pression des différents conservatismes, nous sommes restés sur de voies conventionnelles et contraignantes.Les lois, codes, et réglements qui régissent l' accès à l' emploi et les manières de travailler sont en total décalage avec les nouveaux rapport au travail.Il faudrait tenir compte de ce qu' on appelle la ''mutation des temps sociaux'' qui rend caducs les rythmes ternaires d' une journée (travail, temps, personnel,sommeil) et d' une vie (école, travail, retraite).
Flybird, merci pour ton commentaire (que dis-je, tes commentaires) qui rejoignent en grande partie ce que je peu en penser. Le problème est que les gens à la tête des entreprises et les syndicats, ont encore une vision "à l'ancienne" du monde du travail. Une grande révolutions des mentalités devraient s'opérer pour que les choses évolues dans le bon sens.
Tizel
Décidément, nous sommes d'accord sur bien des points !
C'est pour les même raisons que toi que je n'ai jamais postulé pour un emploi en région parisienne, le cadre de vie y est tellement inhospitalier, la cout du logement est tellement élevé... De plus, pour moi qui cherche dans la fonction publique, c'est encore plus dur : les salaires sont fixés, impossible de négocier. Alors entre gagner 1100€ par mois en province et la même somme à Aubervilliers, le choix est vite fait...
Travailler pour vivre et non vivre pour travailler ... terrible cette phrase que j'ai ressorti regulièrement jusqu'au jour où pareil que toi, j'ai vraiment laché la poule aux oeufs d'or pour une vie plus épanouissante selon mes critères.
Cette situation du monde du travail est tout de même assez angoissante, tous m'ont admirée d'oser lacher tout cela, voire enviée...
Je travaillais dans un enorme Systeme d'Information, et l'ensemble des salariés étaient effectivemment totalement démotivés, et leur travail peu reconnu comme tu le soulignes si bien.
Maintenant je suis passée de l'autre côté, je vis, mais j'aimerai bien travailler un peu, toujours pour le côté financier, faut bien manger ! Et dans un même temps, j'ai aussi effectivemment besoin de travailler pour le sentiment d'utilité que cela procure, le sentiment d'acte accompli ... (euh, suis je bien claire)
Voilà ... je crois bien que c'est une premiere ce commentaire sur ton site, alors que souvent j'y suis venue !
A bientôt
M.
Mondemo, tout à fait d'accord... Quand je dit "Travailler pour vivre, et non vivre pour travailler", je ne dis pas qu'il faut arrêter de travailler totalement. J'ai un travail qui me plait, qui me permet de vivre, sans forcément rouler sur l'or. Mais je n'ai pas besoin de rouler sur l'or non plus ;) A quoi bon gagner beaucoup d'argent, si c'est pour avoir une qualité de vie qui laisse à désirer et s'il est difficile, voire impossible, d'en profiter ?
Tizeltout à fait d'accord...c'est malheureux de voir que beaucoup de gens ne vivent que pour l'argent...profitons de la vie...