France, terre d'exil ?
Par Tizel le lundi 27 mars 2006, 23:36 -
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Quand les autres pays recrutent leurs élites chez nous...
Alors que la jeunesse française manifeste pour avoir une sécurité de l'emploi qu'elle n'aura sans doute plus jamais ; alors que les chercheurs (jeunes ou vieux) s'inquiète du délitement de la recherche française ; certains pays viennent recruter leurs élites en France. Ainsi, le Canada fait sa pub dans diverses écoles en distribuant des cartes postales contenant toutes les démarches à entreprendre pour faire sa vie au Québec : obtenir les autorisations, trouver du travail, trouver un logement... Je doute que ces cartes aient été distribuées partout. J'ai trouvé les miennes dans la cafétéria d'une des plus prestigieuses écoles d'ingénieur française.
Le lien vers le site d'information est le suivant : http://www.mri.gouv.qc.ca/paris/vous_souhaitez/immigrer/index.asp.
Il y a sur le site un lien qui permet d'évaluer nos chances d'être sélectionné pour immigrer au Canada. Je suppose que le Canada n'a pas les mêmes scrupules que certaines têtes françaises bien pensantes et qu'ils appliquent ces fameux quotas que Sarkozy a proposé de mettre en place et qui ont fait tant de scandale. Bon, ben, évaluons nos chances...
A détail important :
Cette évaluation ne s'applique pas à la personne qui envisage de venir au Québec pour participer à son développement économique soit avec un projet d’affaires créateur d’emplois (programme Entrepreneurs), soit en y investissant un capital important (programme Investisseurs).
J'ai fait le test plusieurs fois. Quelque-soit les réponses, ils nous disent que l'on semble répondre aux critères (je suppose que c'est parce qu'on met que l'on sait parler français). Toujours est-il qu'au cours du test, ils nous demandent si notre profession fait parti de la liste des profils qu'ils recherchent. Bizarrement, c'est beaucoup des professions hautement qualifiées qu'ils recherchent en priorité : ingénieur biologiste, ingénieur chimiste, ingénieur informatique... J'ai pas vu éboueur, maçon, plombier... Comme dans beaucoup de pays, ils recherchent aussi des infirmières.
Et nous, est-ce qu'au Canada on fait nous aussi un tel lobbying pour recruter des professions qualifiées ? Dans nos écoles, on peut compter des étudiants du maghreb, d'Afrique noire, du moyen orient, un peu des pays de l'est, d'Asie... Mais très peu, voire aucun, en provenance d'Angleterre, des états unis, du canada, d'australie, du japon, d'allemagne, d'un pays scandinave... Sans doute faut-il en conclure que notre modèle social est trop sécurisant pour eux.
Commentaires
Dans un article "L'Ouest canadien veut des immigrés, toujours plus d'immigrés" (Le Monde 10/12/05) on peut lire ceci :
"La première (l'Alberta), province de l'or noir, est déjà en situation de plein emploi. Son PIB a triplé en trois ans et des investissements de 100 milliards de dollars canadiens sont prévus d'ici dix ans dans le secteur de l'énergie ! Le gouvernement songe à supprimer ses impôts et va offrir à chaque Albertain un chèque de 400 dollars canadiens en cadeau de Noël ! Dans la province voisine (la Colombie-Britannique), l'économie est aussi prospère, avec une croissance annuelle de plus de 3 %, un tourisme florissant et des ressources minières et forestières demandeuses de main-d'oeuvre. La rançon du succès ? Un gros problème de recrutement ! Ici comme ailleurs au Canada, avec une population vieillissante et un taux démographique insuffisant, on craint fort qu'une pénurie de personnel ne vienne freiner la croissance, alors même qu'elle devrait s'accélérer pour répondre à la demande des pays asiatiques !"
J'ai cru comprendre que la Canada recrute une bonne partie de sa main-d'oeuvre du côté de l'Asie et je suppose que les Chicanos n'hésitent pas non-plus à monter plus au Nord. Il est aussi dit que bon nombre de personnes qualifiées se font chauffeurs de camions, conducteurs de machines, etc. à cause des salaires très élevés.
Vu d'ici, ça laisse rêveur...
Quant aux étudiants qui viennent du Maroc, Bulgarie, Pologne, Lettonie, Lithuanie que je fréquente, la plupart sont ici parce qu'ils ont pu obtenir des bourses pour les universités françaises dans leur pays d'origine, mais tous espèrent passer l'Atlantique, car seuls ceux dont les familles ont des revenus modestes ne peuvent d'emblée franchir l'Océan.
Pour les étudiants étrangers que je cotoie, c'est aussi l'expérience que j'en ai. Une chose me frappe : presqu'aucun ne souge à faire carrière en France : soit ils veulent retourner ensuite dans leur Pays - où ils auront un réel statut que les maîtres de conférence et les ingénieurs n'ont plus en France - soit ils veulent aller à l'étranger où les moyens ne manquent pas et où on leur propose des ponts d'or pour aller s'y installer.
Autant dire que notre pays les as formés en pure perte... (et pourtant, plus de la moitié des dea et des doctorants en France sont étrangers).
Tizel
Hé oui, Tizel ! Qu'on prenne les problèmes que connaît la France ces dernières années et qu'on les analyse sous tous les angles, on en arrive au même constat : quelque chose ne va pas, mais sans que l'on puisse et trouver une cause bien définie puisque tout est imbriqué dans une sorte de spirale infernale. La seule question que je me pose, maintenant, c'est quand et comment cette situation va-t-elle se redresser, parce que je ne crois pas à une véritable catastrophe, dans le style de l'Argentine. Simplement parce que du point de vue Européen c'est absolument impensable.
Il se fait tard, je repasserai demain ;-)