Carte scolaire
Par Tizel le mardi 12 septembre 2006, 19:04 -
Enseignement
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La garder, ou la supprimer ?
La carte scolaire a été crée afin de favoriser la mixité sociale et empêcher la désertification intellectuelle des "mauvais lycées" et l'élitisme de "bons lycées". Mais le monde est ce qu'il est. Les cadres habitent rarement dans les banlieues et les plus pauvres, rarement au coeur des villes. Au lieu de mixité sociale, on a assisté à un accroissement des inégalités. Les bons élèves démunis des banlieues sont théoriquement condamnés à aller dans le lycée difficile proche de leur tour d'habitation. Et si une famille a un peu plus de moyens, mieux vaut envoyer leurs enfants dans le lycée privé d'à coté.
Il y a certes, des passes droits, des astuces pour contourner la carte scolaire... Mais en fait, il est rare que l'on en ai vraiment besoin. on habite souvent dans un quartier à la hauteur de notre niveau social. La vrai question, celle à laquelle personne ne répond, est la suivante : comment faire en sorte de créer une réelle mixité (et émulation) sociale dans les collèges et les lycées ? Comment ne pas reproduire, à l'intérieur des établissement, les ghettos que l'on retrouve à l'extérieur ?
J'imagine mal imposer à un élève "de la ville" d'aller dans le lycée de banlieue. Ce serait sans doute bien injuste. A l'opposé, je trouverais normal que l'on envoie les meilleurs élèves de lycée difficiles dans des établissement qui leur offrent des conditions de travail plus sereines. C'est aussi cela, "l'égalité républicaine" et "l'ascenseur social". Mais alors, me direz vous, au lieu de "résoudre le problème", je l'aggrave en enlevant les meilleurs éléments à des établissement qui en ont déjà peu. Certes...
La seule solution que je vois pour faire en sorte d'assurer une mixité sociale serait, peut-être, de permettre à certains élèves de passer quelques temps dans des lycees, hors de leur banlieue. De découvrir autre chose, un autre environnement. Certes, cela troublerais peut être un peu l'ordre des meilleurs établissements, mais déchargerais peut-être un peu les établissement les plus en difficulté. Il faut aussi pouvoir donner des perspectives à ces élèves, leur faire comprendre qu'apprendre, ce n'est pas forcément ennuyeux. Leur prouver que les études peuvent les sortir de leur ghettos... Mais en la matière, tout reste à faire. Cela nécessite, quelque part, une évolution des mentalités dans la société.
Commentaires
et aussi détruire petit à petit les immenses cités ghetto, les remplacer par une myriade de petits quartiers, doucement, pour qu'un lycée puisse déservir à la fois des quartiers populaires et classe moyennes par exemple.
Si les zones d'habitation des relégués sont vastes, il y aura forcément des collèges, des lycées, ou ils seront entre eux, accentuant le sentiment de vivre dans un ghetto et accroissant cette sentation de ne pas appartenir à la société.
Enfin tout ceci prendra des années et des années. Il va falloir résorber les erreurs des choix d'urbanisation des années 60 et 70...
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Enfin bon... la carte scolaire, comme bien d'autres éléments plus ou moins symboliques de la république, doit être réformée. Mais elle concentre tant de crispations que le travail sera hardu pour celui qui osera le tenter. (comme pour beaucoup de réformes nécessaires...)
La carte scolaire est devenue un facteur aggravant d’inégalité. Elle accélère la constitution de ghettos immobiliers de riches et de pauvres.
Ainsi rien qu’à Paris intra-muros, la situation est symptomatique de cette segrégation insidieuse. Le taux de réussite au Bac en 2000 était de 75 % contre plus de 81 % pour la moyenne nationale. Cela peut sembler étonnant, alors que Paris a une concentration de cadres supérieurs deux fois plus importante que dans le reste du pays. Cela vient d’une extraordinaire disparité de situations. Les vingt meilleurs lycées de la capitale ont un taux de réussite supérieur à 95 %. A l’autre extrémité, on trouve une brochette de lycées à la dérive comme Turgot qui affichent des taux d’à peine 60 %. Parfois, les établissements stars et cancres ne sont distants que de quelques centaines de mètres.
Comment lutter contre cette dérive socio-géographique ? Par exemple en regroupant des établissements incluant des zones géographiques favorisées et défavorisées. Par une affectation globale des élèves, on pourrait assurer une meilleure mixité. Chaque année, les meilleurs élèves de chaque établissement seraient dispatchés pour rééquilibrer les classes.
La distance plus importante des élèves à leur lycée serait compensée par l’allègement des horaires (qui va avec celui des programmes). Mieux vaut passer une demi-heure dans les transports pour être dans une bonne classe, que d’être à 5 minutes de chez soi dans une classe exécrable.
La carte scolaire est un élément républicain important. Comment peut on parler d'égalité des chances si on fait des écoles de cadres, des écoles d'employés et des école de smicards?
Pour ça il y a déjà le privée! (dont l'existence même m'afflige). Moi je suis pour une décentralisation général: décentrer les habitants, un rmiste de Bondy pourrai faire un bon maçon à Bethune, et decentraliser aussi les sièges sociaux des grandes entreprises, nous sommes le seul pays où toute est concentré à Paris.
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La carte scolaire on essai de la contourner aussi en province et même dans les petits bléme! dans ma ville il y a deux Lycée un 100% général à tendance littéraire et l'autre à majorité technique et pro il y a même des BEP! Le Lycée 100% général à la réputation d'avoir une mauvaise ambiance, alors beaucoup de parents s'arrange pour faire aller leurs enfants au second lycée.
Merci pour vos commentaires, je n'ai rien à ajouter. Je pense que nous constatons tous la nécessité d'introduire à nouveau un peu de mixité sociale dans les collèges et lycées et que la situation actuelle, en théorie bien cloisonnée, est une abération sur le plan de l'organisation sociale et même parfois, comme le souligne Jean Baptiste, en terme d'organisation de l'espace urbain.
Tizel"je trouverais normal que l'on envoie les meilleurs élèves de lycée difficiles dans des établissement qui leur offrent des conditions de travail plus sereines."
Oui et d'ailleurs on peut s'étonner qu'il n'en soit pas déjà ainsi.
"Mais alors, me direz vous, au lieu de "résoudre le problème", je l'aggrave en enlevant les meilleurs éléments à des établissement qui en ont déjà peu. Certes..."
Non, je ne suis pas d'accord. Cela pourrait permettre aux meilleurs élèments en question de mieux avancer. Proposer aux autres un enseignement plus professionnalisé, où l'on apprend des choses réelement utiles, pour éviter que ceux-ci s'ennuient comme c'est trop souvent le cas et surtout qu'ils arrêtent de considérer (avec raison dans leur cas) que "l'on apprend rien d'utile à l'école".
Bien sur, cela représente nombre de contraintes : mettre en place un tel système est impossible dans l'état où est notre Education Nationale. Mais l'on peut se laisser pousser à rêver à cela. Reste à définir ce que sont "les autres", sorte de sélection à l'entrée en 5ème ou 4ème. Après tout, cela se fait tout naturellement à la sortie du collège pour le lycée.
L'idée de l'apprentissage dès 14 ans lancé par Chirac n'est pas une mauvaise idée en soit. Mais elle reste complétement inadaptée et pas assez réfléchi pour en être une bonne.
Dans le collège où j'étais, situé dans un milieu on ne peut plus rural, 1 élève sur 10 seulement de ma classe d'âge est parti en lycée général. La moitié des "autres" a arrêté l'école après avoir gaché 4 ans de leur vie et ceux qui restent ont été dispatché entre BEP sans débouchés et CAP très mal payés. Alors oui cette carte scolaire est morte depuis longtemps, on sacrifie des enfants, qui méritent beaucoup mieux comme enseignement, sur l'autel d'une pseudo mixité sociale. Arrêtons le massacre et la langue de bois. Mrs Royal a sûrement raison, mais ce qu'elle veut faire après me fait extrêmement peur...
Sélectionner, INTELLIGEMMENT j'entends, les élèves dès le collège dans des classes adaptées à chacun serait pour moi un bon moyen de lutter contre l'échec scolaire et la politique arbitraire d'orientation qui paralyse notre beau pays à tous les points de vue.
Moi je ne pense pas que c'est une modification profonde du programme scolaire mais plutôt un changement dans la méthode de formation et d'enseignement. Et le but des l'enseignements c'est aussi de former les élites ou les classes moyennes. Il ne faut pas laisser leurs formations aux écoles privées! Tes chiffres paraisses surprenant 1/10 en lycée général c très très mauvais comme stat même inacceptable! Sortir du cycle scolaire normal à 14 ans c'est hypothéquer son avenir. A 14 ans on n'est pas capable de choisir le métier que l'on exercera à 50 ans. Mais je suis d'accord avec l'idée d'une deuxième voie des la 4éme qui permettrai de travailler en plus petit groupes et préparer aux CAP, BEP, apprentissages, sans fermer la porte du bac pro et pourquoi pas du technique. Abandonner trop vite le système général est une erreur il y a des notions utiles a la compréhension des choses simples comme la compréhension de la politique à bas échelle ou simplement du monde proche de nous que j'apprends touts les jours en première ES. Des choses qu'on ne pas pas comprendre en arrêtant à 14 ans. Mais ma vision est très partiel car étant en filière général et issu de classes moyennes je connais mal les filières pro.
"1/10 en lycée général c très très mauvais comme stat même inacceptable!" : Bien sur, je rappel que c'est un collège de campagne et que si tous avaient suivis une formation générale, beaucoup de corps de métiers de ma région se serait retrouver en pénurie de main d'oeuvre ^^. Donc non, rien de réelement alarmant...
"A 14 ans on n'est pas capable de choisir le métier que l'on exercera à 50 ans" : tout à fait d'accord avec toi, seulement comment faire entendre raison, le système scolaire engendre fatalement la démotivation et le monde du travail apporte de l'argent. Pour certains le choix (à court terme) et très (trop) vite fait hélas.
"il y a des notions utiles a la compréhension des choses simples comme la compréhension de la politique à bas échelle ou simplement du monde proche de nous" : oui certes, c'est déjà le cas en filière professionnel (je ne me souviens plus du nom de cette matière précisement). Mais ce que je vois autour de moi (à la campagne toujours), c'est que les gens (pas tous heureusement) me prennent un peu pour un illuminé quand je parle politique et ces vieux clichés rageant que sont "ça ne changera jamais etc..." ont la vie très dure...
"Des choses qu'on ne pas pas comprendre en arrêtant à 14 ans" : certaines personnes s'en accomodent très bien malheureusement. Sans apporter de critiques sévères à propos de cette phrase, je crois qu'il s'agit là d'une véritable utopie que de vouloir apprendre ce genre de chose à des gens qui n'en ressentent pas le besoin express. L'apprentissage de la démocratie se fait déjà en primaire et pour certains, cela est largement suffisant (quoiqu'une piqure de rappel à propos du droit de vote ne ferait pas de mal...).
En tout cas, je crois que cette théorie de mixité sociale n'est que pure foutaise. Je ne connais pas la "banlieue" ni la "cité" mais j'affirme qu'une telle incitation n'a pas lieu d'être dans les campagnes comme la mienne et qu'on ferait mieux de se concentrer sur les vrais besoins de chacun en fonction de son lieu de vie. Chez moi, un collège par canton donc la carte scolaire ne sert à rien du tout.
Petit coup de gueule au passage, arrêtons de parler de banlieue à tour de bras. Nous aussi pauvres paysans avont des besoins !!!
Evret, je serais ravis de prolonger cette discution avec toi ;-), j'ai encore plein de chose à dire !!!
PS : pardon pour les fautes d'orthographe mais il est tard (tôt ??) et pas envie de me relire :-)
Merci Evret et Thomas de prolonger ainsi le débat... Vous avez tous deux des visions fort intéressantes.
Comme Thomas, je ne pense pas qu'il soit utile de forcer des gamins, en réelle difficulté scolaire, à rester dans le système si ils en expriment pas le besoin. Cela les conduits à rejetté encore plus le système, et à tout faire pour mettre la zizanie. J'ai un jeune voisin qui a toujours voulu devenir maçon. Seulement, voilà, l'école est obligatoire jusque 16 ans et il n'a pas pu partir en apprentissage avant 15 ans (il a obtenu une dérogation spéciale pour ça). Résultat, de la 6ieme à la 4ième, il n'a jamais rien foutu (ce qui en soit ne me choque pas trop), mais comme il s'ennuyait, il a rendu la vie dure à ses profs (et donc empéché d'autres, qui voulaient faire des études, de travailler).
Crois moi Evret, pour avoir eu ce genre d'énerguméne dans ma classe (7/8) je peut te dire que ce n'est pas l'année où j'ai travaillé le plus sereinement.
Tizel"je peut te dire que ce n'est pas l'année où j'ai travaillé le plus sereinement" : tout à fait d'accord, surtout qu'à cet âge, lorsque l'on subit la pression de ce genre d'élève, on a pas conscience de tout cela. Perso, si je n'avais pas eu les bonnes personnes au bon moment, dieu seul sait ce que je serais devenu...
Ce que tu dis Thomas est aussi juste que triste.
"beaucoup de corps de métiers de ma région se serait retrouver en pénurie de main d'oeuvre" Il est aussi déplorable de forcer un élève à être maçon qu'a faire des études longue.
"ces vieux clichés rageant que sont "ça ne changera jamais etc..." ont la vie très dure..." Le bute de l'école c'est de créer des électeurs de Le Pen?
La politique n'est pas à la mode dans mon lycée (+ de 1500 élèves) nous sommes 4 en 1ére a faire Science Po! Et 20 en ES!
Je suis d'accord avec toi Tizel c'est pour ça que j'évoque la possibilité d'une autre voie: "dès la 4éme qui permettrai de travailler en plus petit groupes et préparer aux CAP, BEP, apprentissages, sans fermer la porte du bac pro et pourquoi pas du technique."
Vous avez peut être raison je suis surement enfermé dans ma bulle mais je n'accepte pas que l'on laisse sur le coté de la route une partie d'entre nous. Je bloque sur le fait qu'à 14 ans on est incapable de faire un choix. Je pense à ce qu'ils deviendrons après une mains d'oeuvre corvéable qui vote très à droite? Bon j'arrête là sinon je vais finir pas devenir Marxiste ^^
Merci pour cette échange enrichissant.
Et moi je penche sérieusement du côté libéral ^^. Sans rire, la liberté impose une auto gestion et auto régulation. A l'Etat d'offrir la "sérieuse" possibilité de se reconvertir à tout âge en cas de mauvais chemin emprunté.
On est tous d'accord sur le fait que le collège unique (tiens tiens Ségo) est une belle connerie en tout cas. Mais bon sang, qui va aura les c... de refermer cette éducation nationale ???
Il s'agit bien de réformer et non refermer l'éducation nationale :)
Evret, tu n'es pas enfermé dans la bulle bien au contraire...
TizelJe ne pense pas que les gens qui sortent du système scolaire, bien en avancent, voteront FN. Par contre, je suis sur qu'une majorité d'entre eux seront abstentionniste (ou plutôt, ne voteront pas, l'abstentionisme étant une volonté délibérée de ne pas voter). Ces gens sont aussi un vivier important pour l'extréme gauche ouvriére.
La quatrième voie que tu propose est à peu de choses pret ce que propose le gouvernement : aprentissage chez un patron + cours à l'école. C'est sans doute mieux qu'apprentissage en atelier + cours à l'école car cela permet aux élèves de voir autre chose que leur environnement scolaire et à s'intéresser plus facilement à un métier. Rare sont les élèves qui, aprés avoir accuulé les lacunes en primaire et au collége, arrivent jusqu'au BAC général...
A 14 ans, on est peut être pas capable de faire un choix, mais certains ont décidé (et donc choisis, même si ils le regretteront aprés) que l'école, c'était ennuyeux. Le seul moyen de les réconcilier avec le travail, c'est de leur donner des choses qui leur semblent plus intéressantes. Il faut arrêter de croire qu'un métioer, appris par l'apprentissage, est moins noble et plus dégradant qu'un métier appris sur les banc de la facs. On a plus besoin de plombiers actuellement que de mathématiciens ou de philosophes. Les métiers peu qualifiés d'hier sont maintenant beaucoup plus spécialisés, et il faut du temps pour apprendre ces métiers. Je ne donnerais pas des travaux à faire à un maçon qui a appris son métier sur les bancs d'une fac. Il saurait sans doute construire une maison en théorie, mais en pratique...