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Le métier d'enseignant est un métier assez particulier, où vous participez a la transmission de connaissances et à l'accroissement des compétences de vos élèves et étudiants. Un métier qui a fortement évolué ces dernières années, et pas forcément pour le meilleur. Pendant longtemps, les profs ont été considérés comme des nantis - peut être pas cher payés - mais avec la sécurité de l'emploi et de longues périodes de vacances. Pourtant, malgré tous ces avantages, le métier n'attire plus les foules. Il faut dire qu'avec un BAC+5, vous pouvez désormais décrocher dans le privé un boulot souvent mieux payé, et, avec le jeu des 35h et des RTT, avec à peine moins de vacances. Passé ces quelques avantages, le métier évolue dans un sens qui décourage même les plus motivés.

Un bon enseignant a souvent une vocation a transmettre ses connaissances à ses élèves. C'est quelqu'un qui s'investit beaucoup pour ses étudiants, qui ne compte pas forcément ses heures. C'est pourquoi, quand les retours des élèves se font rare, que le retour des parents ne se font qu'à travers des plaintes et que les retour de l'institution sont inexistants, ou sous forme purement administrative, le découragement se fait jour. L'enseignant se retrouve un peu à peu comme Don Quichotte, à se battre seul contre tous pour évangéliser ses élèves. Ce n'est plus une vocation, mais une croisade...

On cherche de plus en plus à faire de l'enseignant un accompagnateur dans l'enseignement des élèves. Ce n'est plus l'enseignant qui doit être exigeant, mais les élèves et les parents, de plus en plus consommateurs. La tentation d'être "sympa" pour se faire bien voir des élèves est alors très forte, contribuant insidieusement à rendre l'enseignant de moins en moins crédible. Pour moi, un enseignant se doit d'être exigeant envers ses élèves. Pas une exigence à sens unique, car pour que le respect s'instaure avec des élèves, il faut en retour que les élèves puissent être exigeants envers leur enseignant. Une fois ce principe posé, demandez aux élèves ce qu'ils préfèrent : c'est rarement le prof sympa, qui ne leur apporte rien, qui sera le plus marquant.

L'enseignant a passé des années a étudier - avec effort - des matières pas forcément faciles. De plus en plus, on l'invite pourtant à enseigner des choses qui n'ont rien à voir avec ses connaissances et compétences, voire à ne plus enseigner mais à faire de la garderie. C'est le cas avec les multiples activités ludiques qui se font jour, pour de piètre résultats. Dans des activités comme les TPE ou autre matières comme MPS en seconde, les profs se cherchent, peinent à intéresser les élèves, qui en retour, trouve que c'est du n'importe quoi. Bref, l'ennuie se fait jour du côté de l'apprenant, le découragement du côté de l'enseignant qui se sent démunit face à des méthodes d'enseignements qu'il ne comprend pas, ne maitrise pas, et avec lesquelles il perd énormément d'énergie. Un cout aussi, avec des profs cher payés, avec un haut niveau d'études, pour faire de la garderie.

On invite les profs à être plus souvent dans leurs établissements. Pourtant, quelqu'un qui s'investit dans son travail y passe déjà pas mal de temps. Pourquoi lui contraindre à faire des dizaines de réunions stériles, sans objet, et qui se terminent systématiquement en pugilat ou chacun cherche à tirer la couverture à soi. Un alourdissement administratif, sans intérêt. Une réunionite qui dégoute de plus en plus le prof, qui ne s'est pas lancé dans le métier pour multiplier les réunions. L'institution ne semble plus savoir gérer ni ses élèves, ni son personnel.

L'élève doit être au cœur du système. C'est pourquoi la personnalisation de l'enseignement est de mise. Comment personnaliser les cours avec des classes bourrées à 36 voire 38 élèves ? Et ce scandale de l'accompagnement personnalisé, deux heures par semaine dans les emplois du temps élèves, qui ne servent pas à grand chose ? En pratique, l'accompagnement personnalisé ne sert qu'à compléter l'emploi du temps des enseignants, qui se retrouvent souvent à accompagner des élèves qu'ils ne connaissent même pas. Car la tendance est de plus en plus à aligner les classes et inter-changer les profs. Le prof n'a plus SA classe, mais des élèves qui peuvent changer chaque semaine. Des élèves qu'il ne connait pas forcément. Comment alors s'adapter à l'apprenant ? Le prof n'est alors plus qu'un pion, un formateur, qui fait son cours et s'en va. Un système de type fac, que même l'université dénonce aujourd'hui et tente de corriger. Pourtant, on demande dans le même temps à l'enseignant d'être de plus en plus éducateur, ce qui nécessite de bien connaitre ses élèves.

Enseignant est un métier humain. Pourtant, tout tend à déshumaniser le métier, à en faire un métier comme un autre, où l'enseignant doit se détacher des ses élèves. Un métier d'exécutant, sans la moindre réflexion, la moindre autonomie, le moindre sens critique. Dommage, car le métier s'éloigne de plus en plus de ce pourquoi ceux qui ont la vocation s'y sont investit. Pas étonnant, devant cette perte de sens du métier, que certains vont aller jusqu'à des extrémités fatales.

A écouter : La sécurité de l'emploi par les Fatals Picards