Un amour
Par Tizel le samedi 2 novembre 2013, 10:48 -
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Un livre sur une relation compliquée entre un homme et une femme, par Dino Buzzati
S'il est un thème qui est bien peu abordé dans l’œuvre de Dino Buzatti, c'est bien les femmes et les relations homme/femme. Dino Buzatti est plutôt obsédé par le temps qui passe que par la gente féminine, et quand il en parle, c'est bien souvent sous forme d'une chose inaccessible, incontrôlable, qui nous échappe. En témoigne la nouvelle "Et Si" dans "le K", où un homme ayant fait beaucoup de sacrifice pour réussir, qui vient d'atteindre le succès et fait preuve d'une grande satisfaction intérieure, devient profondément triste en croisant une jeune fille insouciante. Il a la révélation que tout ce qu'il a pu faire dans la vie c'est pour impressionner cette fille - ou ses semblables - mais que désormais, il est trop tard, car il a bien vieilli. Il est passé - sans s'en rendre compte - à côté de la raison d'être de sa vie.
Aussi, le roman "Un Amour" de Dino Buzatti est-il assez surprenant, déroutant. Pour ce nouvelliste qui n'a pas écrit beaucoup de romans, mis à part son chef d'oeuvre "Le désert des Tartares", écrire tout un roman sur le thème de l'amour est quand même plus qu'exceptionnel.
Dès les premières pages, on comprend cependant que cet amour ne sera pas vraiment à l'eau de rose, pas un amour fait de romantisme et de compte de fées. Il s'agit d'un roman sur la relation entre un quinquagénaire aisé, à la vie professionnelle bien rangée mais à la vie personnelle dont on devine qu'elle est bien pauvre, qui tombe éperdument amoureux d'une de ses filles de joies - prénommé Laïde. Et c'est cet amour complexe - qui durera deux ans - et dans lequel Antonio se perd, que nous raconte Dino Buzatti. Antonio ira jusqu'à entretenir Laïde, mais n'arrivera jamais - ou en de très rares occasions - à pénétrer la véritable intimité de cette fille. Jusqu'à la fin du roman, on comprend très bien que cette amour est impossible, mais on comprend également qu'Antonio est complétement accro à cette fille qui le mène par le bout du nez. Antonio se sent persécuté par ses sentiments, et mené en bateau par cette fille qui lui parait pourtant si innocente.
Un roman qui se passe dans le milieu de la prostitution et de l'escorting, mais qui ne décrit aucune scène à caractère sexuel. Il s'agit bien plus d'un roman psychologique, sur une relation homme/femme, sur "un amour" bien particulier. Le roman est bien écrit, mais laisse quand même le lecteur sur sa faim, il s'agit d'une description crue de la vie, où il ne se passe pas grand chose alors qu'on espérerais quelque chose d'extraordinaire. Deux ans de souffrance - une fuite en avant ou le personnage se cherche - résumé en quelques pages. Mais une conclusion aussi très particulière, inattendue, mais bien dans la droite ligne de l’œuvre de Dino Buzatti.
Ce n'est pas un roman indispensable, mais pour ceux qui, comme moi, sont assez intéressés par cet auteur, ils pourrons s'y plonger avec intérêt.